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02.10.2011

L’univers peu connu d’Adolf Wölfli

mauvaise langue.JPGComme mauvaise langue, votre petite âme errante se pose là! A peine venait-elle d’écrire que l’anniversaire du LaM était passé à l’as que paraissait dans La Voix du Nord un commémoratif entretien avec Sophie Lévy, la directrice-conservatrice de ce «musée familial».

chicken.jpgTous ceux qui voudront rabattre le caquet d’Ani sont invités à s’y reporter car il mérite de faire date. On y apprend notamment que «Wölfi» (sic) est «un artiste d’art brut peu connu». Faisons grâce de l’erreur de transcription du nom à madame Lévy. La rédaction de La Voix du Nord n’a pas eu suffisamment l’occasion de se familiariser avec le patronyme par trop suisse de cette icône de l’art brut : Adolf Wölfli. Rien qu’une exposition d’envergure sur son «univers» qui s’est tenu à Villeneuve d’Ascq pendant seulement 3 mois (avril à juillet 2011).

Faisons grâce mais arrêtons nous sur cet abracadabrantesque «peu connu». Etonnant de la part de quelqu’un qui avait pourtant salué «l’œuvre sinueuse et magique du grand Wölfli» dans la préface qu’elle avait donnée au catalogue de la susdite expo! On peut certes être «grand» sans être «connu» mais dans le cas d’espèce, on est fondé à trouver que les deux termes sont fâcheusement contradictoires. Si l’œuvre de Wölfli reste confidentielle, alors Ferdinand Cheval est un petit nouveau et Aloïse une jeune starlette. Walter Morgenthaler qui a révélé Wölfli au monde en 1921 doit se retourner dans sa tombe et les commissaires de l’expo Adolf Wölfli Univers n’ont plus qu’à se faire hara-kiri.

Adolf Wölfli

On a envie de conjurer Sophie Lévy de relire d’urgence sa préface et de lui demander respectueusement ce qui d’avril à octobre a pu produire dans ses propos un tel retour du naturel. Sans anticiper sur la réponse qu’elle pourrait apporter à cette question, j’ai envie de l’encourager à faire plus confiance à l’art brut. Et pour cela d’en accepter vraiment la spécificité. Non, madame Lévy, l’art brut n’est pas une simple variété à la bonne-franquette de l’art contemporain. L’art brut croise parfois (nuance!) le chemin de certaines réalisations des arts contemporains. Ceci sur un mode décalé qu’il nous appartient de mettre en évidence par un travail qui ne se réduit pas à une simple juxtaposition.

De ce point de vue, je crois rêver quand je vous entends suggérer que, dans votre musée polyvalent, «les salles d’art brut» participent simplement à la création d’une «nouvelle ambiance» susceptible de faire avaler la pilule amère du snobisme qui s’attache (vous le reconnaissez) à votre «art contemporain». Depuis sa conception, le LaM, contre toute logique, s’efforce de créer la confusion entre cette eau pure et ce gaz soporifique. La tâche est difficile, votre communication le prouve.

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Pour finir sur une note gaie, je conseille à mes lecteurs de se distraire avec les statistiques de fréquentation du LaM complaisamment étalées dans La Voix du Nord le 25 septembre 2011 : «65 % d’individuels, 35 % de groupes et 30 % de jeune public». 65 + 35 + 30, ça fait 130 % sur ma calculette!

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20:24 Publié dans art brut, De vous zamoi, Gazettes, Nos amies les bêtes | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, adolf wölfli, sophie lévy, lam | |  Imprimer | | Pin it! |

04.09.2011

Loulou et moi, 6 ans après

«Wo es war, soll ich werden». Y’ a des moments où je m’demande si j’ai un inconscient! Heureusement, la PQR est là pour m’en tenir lieu. D’une édition charentaise de Sud Ouest, en date du 17 août 2011, j’ai eu l’émotion de voir surgir de mon passé monsieur Loulou (André) Degorças, «sculpteur cagouillard».

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Quelle reviviscence! Rappelez-vous. C’était au début septembre 2005. Je n’étais pas encore la «Grande Timonière» que je suis devenue. Celle dont Mr Alain Bouillet, dans le n°34 de la revue Création Franche (mai 2011), dit que son blogue est –je cite– «bien connu des amateurs d’art brut». La gloire ne poudrait pas encore les ailes de votre Petite âme errante et ses chevilles n’étaient pas enflées. J’étais rien qu’une âmelette nouvelette, mal assurée sur ce qui lui tenait lieu de jambes sous sa mini-robe. Elles ont grandi depuis, grâce à vous, chers lecteurs et lectrices, qui m’avez fortifiée de votre attention et de vos informations.anniversaire-6-ans.gif Elles m’ont portée jusqu’à mon sixième anniversaire que j’ai le plaisir de placer aujourd’hui sous les auspices de Loulou de Genté, petit bourg situé près de Segonzac. Loulou c’est le genre de gars qui ne demande rien à personne et qu’on découvre par hasard. Leur création mérite d’être protégée et leur tranquillité respectée. C’est pourquoi j’avais évité de le localiser en 2005 quand j’en parlé pour la première fois.

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Je m’imaginais que les stakhanovistes du bord des routes, qui traquent le «singulier de l’art» comme l’orpailleur de Guyane ses pépites, finiraient par le trouver. Mais non. Mes photos étaient trop petites. Alors, à l’occasion de mon sixième anniversaire, c’est moi qui vous fait un cadeau en les élargissant un peu.

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Place d’abord à ces personnages en ciment teinté, grandeur nature, qui veillent à l’entrée de la maison de la mère de Loulou.

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Il y en a 4 dont une représente «sa» Sheila, chanteuse dont Loulou est fan depuis qu’elle l’a invité à la teuf donnée pour ses 20 ans. Elle chante Ecoute ce disque.

André Degorças alias Loulou,Sheila

André Degorças alias Loulou,Sheila

 

Un maçon (Loulou ?), sur le pilier symétrique, présente ses outils.

André Degorças dit Loulou

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Loulou aimait trop l’invention pour en rester là. Son brevet pour une taloche en plastique trône chez lui sous une vitrine. Dans sa cour, il a vu un soir des extra-terrestres, «petits et transparents».

André Degorças dit Loulou

Et il s’est bricolé un petit musée de science-fiction avec des comètes peintes sur des bâches noires et une ronde d’aérolithes sur tiges de métal.

André Degorças dit Loulou

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Au supermarché du coin, il cherche des idées dans les revues sur les soucoupes volantes.

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Au rayon des viandes limousines, il achète des bas morceaux pour «son drôle», un vieux chien pour lequel il a conçu une rampe d’accès pour monter au premier étage de sa maison.

Sans doute Loulou n’entretient-il avec l’art brut que des parentés assez lointaines. Il fabrique des souvenirs pour les mariages, de petites stèles avec visages de profils d’après photo.

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Ce qu’il voudrait c’est en réaliser pour des hommes politiques auxquels il voue une innocente considération. Mais les ministres ne se bousculent pas pour venir se faire portraiturer au fotomaton local pour lui. Cela ne fait rien, on l’aime bien quand même et je suis heureuse d’avoir, il y a 6 ans, commencé par lui et par son copain Lucien Favreau à qui il avait conseillé «de mettre de la couleur».

03.09.2011

Art Brut and Then Some chez Cavin-Morris

Hey honey, take a walk on the non-mainstream side!

Irène qui venait des Caraïbes est un souvenir. Le calme est revenu à New York après la tempête mais le cerveau de Randall Morris bouillonne toujours. Le 10 septembre 2011, la nouvelle exposition de la Cavin-Morris Gallery ouvre ses portes et son titre dit bien ce qu’il veut dire : Art brut and then some. Axée aussi bien sur des œuvres asiatiques, américaines qu’européennes, elle réunira, jusqu’au 15 octobre 2011, une sélection d’œuvres de créateurs défendus par la Galerie.

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Cela va des constructions guérisseuses d’Emery Blagdon aux dessins médiumniques d’Helen Butler Wells et aux cartes météorologico-psychiques de Zdenek Kosek, en passant par les dessins acérés et obsessionnels de Chris Hipkiss.

Chris Hipkiss

L’expo C-V de ce début d’automne mêle aussi des créateurs bruts japonais qui travaillent l’argile comme Kazumi Kamae

Kazumi Kamae

et d’autres «some» américains comme Mort Golub que je connais trop peu pour pouvoir me prononcer à propos de leur genre de beauté. Je n’ai pas eu le temps non plus d’explorer les relations entre les images de Pushpa Kumari et les sculptures emperlées, cousues et peintes de Sandra Sheeny.

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Branchez-vous sur le site de la Galerie et cliquez sur «self-taughts artists» dans «contemporary». Cela vaut le coup. Ce qui mérite aussi le détour ce sont les théories de Randall Morris, toujours ardent à définir le domaine auquel nous nous intéressons, lui et nous. C’est plaisant de constater que le mot «art brut» fait maintenant partie du vocabulaire américain. Le temps est révolu où on nous disait que les amateurs d’artistes autodidactes des U.S.A seraient incapables de digérer ce terme, soit-disant trop français. N’en déplaise aux pessimistes, nos amis d’outre-Atlantique s’emparent de la notion forgée par Jean Dubuffet et c’est tant mieux. Les voilà mêmes qui enrichissent son contenu et c’est encore tant mieux.

Lisons Randall Morris. En matière d’œuvres, il insiste sur le critère de la qualité. On ne peut qu’applaudir. En matière de définition, il en cherche une qui soit vraiment convaincante. Démarche légitime mais qui pêche peut-être un peu par positivisme. En raison de la riche diversité qui caractérise l’art brut, on ne peut que s’accommoder d’un certain flou. A chaque nouvelle découverte, l’art brut remet en cause ses fondements. Aucune tranquillité intellectuelle à attendre avec lui. Il y a toujours une part non dominée qui vient vous pourrir le raisonnement. Faut-il vous faire un dessin?

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Randall Morris envisage le domaine de l’art brut et celui du mainstream sous la forme de 2 cercles qui se chevauchent. Selon lui, il y a des endroits qui ne se rencontrent jamais et d’autres qui se mélangent et deviennent presque indiscernables. Ouais! Sauf qu’à mon avis, il ne s’agit pas de deux cercles mais de deux grosses bê-bêtes protéiformes et gonflables comme une baudruche de Jeff Koons. Non seulement, elles n’arrêtent pas de glisser l’une sur l’autre, latéralement et de haut en bas mais encore elles n’en finissent pas de gonfler et de dégonfler par endroits comme des pastas dans l’eau bouillante. Avec l’art brut, les scientifiques ont du souci à se faire. Le microbe n’est jamais stable sous le microscope.

Bon, j’arrête parce que c’est moi qui risque d’avoir un hurricane sous la boîte cranienne.

Microbe

Randall Morris écrit :

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26.08.2011

Des Rives sous roches

pastis_3_couleurs.jpgLe vent se lève. Il fait moins chaud. Mon petit cerveau n’est plus ramollo et mon écran est moins brûlant. Encore deux, trois mauresques, un mojito et ce sera le boulot. La rentrée s’annonce grave avec un 2 septembre à la clé. C’est ce jour-là que débute l’expo Des Rives à L’Auberge de Baulmes, charmant abri sous roche au pied du Jura.

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logo-imgseule.gifDes Rives, à qui voulez-vous que ça parle, sinon à Animula Vagula qui a toujours fait de ce jeu de mots son cheval de bataille?

Récemment c’est sur les bords de l’Escaut qu’une expo belge à géométrie variable empruntait à mon blogue son sous-titre!

Ici, dans cette exposition suisse organisée par Mordache of Lausanne, une asso qui promeut le travail du photographe «autodidacte» (selon le copieux pedigree joint à la présentation du show) Mario Del Curto, ce n’est pas pareil. Céline Muzelle, en bonne lectrice, reprend ma balle au bond et marque un panier en filant avec brio la métaphore : «Les remous n’ont pas manqué dans la vie des artistes que Mario Del Curto a choisi de photographier . Des événements tragiques, un parcours chaotique ou un rêve inaccompli sont souvent la source de leur création. Celle-ci épouse les méandres de leur existence tout en constituant pour eux un refuge, une rive où se retirer lorsque les vents soufflent trop fort».

Merci madame, c’est joliment dit et je ne peux qu’applaudir à cette extension du domaine de mon sous-titre calembourgeois!

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Attention, l’expo Des Rives ne crèchera à Baulmes que jusqu’au 2 octobre 2011. Elle se déploiera ensuite en janvier 2012 dans un autre lieu décentré de Suisse romande : au Vide-Poches de Marsens dans la Gruyère, au cœur d’un genre d’hosto psy. Entre temps, elle visitera en novembre 2011, la Villa Piaggio de Gênes. A chaque étape la présentation sera différente. Les accros pourront donc se farcir les 3. Personnellement, je passerai vite sur les photos de La Demeure du (soit-disant) Chaos car je me contre-tamponne de cette «folie» (au sens aristocratico-architectural du terme).

Mais MDC peut bien perdre un peu de temps puisqu’il nous gratifie par ailleurs de très chouettes zimages de nos lascars favoris. A côté de Melina Riccio et Bonaria Manca déjà célébrées par votre Petite âme errante, je note dans le programme : Gu Ya, modeste jeune femme du Sud-Ouest de la Chine, auteur d’un rouleau dessiné sur 1000 mètres

Gu Ya

Guy Brunet qui fait une fixette sur le cinéma

Guy Brunet

Yuchi Yamamoto, pêcheur japonais, créateur d’un sacré environnement orné de milliers de coquillages

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Veijo Rönkkönen, du Nord-Est d’Helsinki, et ses 500 personnages sculptés grandeur nature. Ceux qui voudraient que je leur fasse un cours n’ont qu’à consulter le dossier de presse qui est trop bien fait. On en voudrait toujours des comme ça!

En pinaillant comme une bête, je n’ai pu y trouver qu’une coquille, enrichissante à souhait : «Les lieux qui accueillent l’exposition sont des endroits conviviaux, propices à de rires (sic) échanges avec un public qui n’est pas nécessairement habitué à de telles manifestations».

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Quand le rare devient rire (et vice versa)

c’est le refoulé animulien qui fait retour

dans le discours savant!

Poil aux dents.

14.08.2011

Purvis et Howard chez Chrysler

Animuliens bonjour. Je vous écris sur une bécane de merde from le café des Flots bleus près du camping de la plage. Aussi serais-je brève (ça vous fera des vacances). D'ailleurs, la seule grâce que je vous souhaite c'est de vous gorger un max de bon soleil comme les moustiques se gorgent de ma petite peau sucrée. You might also like, si vous traînez vos tongs de l'autre côté de l'Atlantique, la next exhibition du Chrysler Museum of Arts(Norfolk, Virginia) qui présente à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 31 décembre 2011 les Self Taughts Artists from the Garbish and Gordon Collection.

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Les SAT, pour les véliplanchistes qui l'ignoreraient, ce sont les artistes autodidactes, catagorie fourre-tout où nos amis américains glissent des naïfs, des créateurs bruts, des gens relevant du folk art and so on.

 

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Ici, tout de même j'ai repéré Purvis Young (1943-2010) qui fit un peu de zonzon dans sa jeunesse. Il était plus doué pour la peinture que pour la cambriole en amateur, aussi s'est-il vite consacré à son art en Floride pour notre grand avantage. Purvis peignait sur ce qui lui tombait sous la main et ses oeuvres sont maintenant dans les musées, par exemple le musée d'art de Philadelphie.

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Howard Finster (1916-2001), quant à lui, était un pasteur baptiste que son dieu gratifiait de visions depuis l'âge tendre de 3 ans. Comme la peinture, finalement, l'intéressait plus encore que les bondieuseries, il cessa de prêcher en 1965 pour se consacrer à ces images dérivées de la pop-culture et de l'iconographie religieuse. Elvis Presley et Jésus Christ en quelque sorte. Cela se passait près de Summerville en Georgie.

Et je vous dis : "bonne sieste".

20:19 Publié dans Ailleurs, art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : purvis young, howard finster, art brut, art naïf, us outsiders, norfolk, virginia | |  Imprimer | | Pin it! |

28.07.2011

Elephant tweet

C’est les vacances. Plus rien à la téloche. J’en profite pour visionner mes DVD en retard. Bricoleurs de paradis, celui de Rémy Ricordeau. 52 mn. «Ce film est une dérive en quête d’environnements insolites d’art populaire» nous dit la présentation. Dérive, ça me rappelle un truc. J’aime bien. La musique de Jean-Christophe Onno (accordéon diatonique et scie?) aussi.

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J’aime moins le côté téléphoné des questions de l’interviouveur qui va jusqu’à traduire ce qu’on lui dit pour l’accommoder à sa sauce. «On est saisi de partout!» devient ainsi : «Y’a pas de liberté». Peu d’écoute, peu de tact.

On passe allégremment sur les scrupules de Madame Taugoudeau qui a honte de montrer le jardin de son mari envahi par les ronces. On insiste pour fureter derrière la maison de M. Pailloux qui n’y tient guère. Le contraire d’un travail d’ethnologue. Une curiosité réelle mais gauchie par des idées préconçues.

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Les créateurs sentent qu’on veut leur faire dire quelque chose. Ils se défilent. Avec précaution : «j’vois pas où vous vous voulez en venir…» (André Gourlet) ou avec netteté : «on fait ce qu’on veut dans son jardin!» (Yvette Darcel). Le résultat est le même. L’impression d’un étrange malentendu.

C’est pourquoi il faut approuver Rémy Ricordeau d’avoir engagé Bruno Montpied comme acteur. La confrontation de celui-ci avec un habitant-paysagiste a quelque chose de surréaliste et de pittoresque à la fois. Le naïf dans l’affaire n’est pas celui qu’on croit. La confrontation des autodidactes de l’art avec le dilettante de l’entretien filmé, c’est son angle à Ricordeau.

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Et cet angle a l’avantage cinématographique de lui permettre de belles prises de vue sans que les créateurs donnent l’impression d’être  scotchés à leur création. L’énergie que ceux-ci doivent déployer pour se garer des gros sabots de leur interrogateur leur fait oublier la caméra. Plus spontané nous apparaît, grâce à ce film, leur lien avec leurs œuvres. C’est particulièrement vrai pour André Pailloux dont la gentillesse et le ludisme cinétique, sont le clou de ce spectacle bienencontreusement sous-titré, selon le mot du sculpteur-paysagiste Alexis Le Breton, Le Gazouillis des éléphants.

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Le livre de B. Montpied qui accompagne ce DVD s’intitule lui : Eloge des jardins anarchiques. On me dira que rien n’est plus ordonné que ces jardins là. On me dira que très peu de ces créateurs à l’état brut se réclament d’une doctrine politique -certes estimable- à laquelle l’auteur se plait à professer inclination à tout bout de champ.

Moi, je ne dirai rien. Je me contenterai de faire référence à la vigoureuse campagne d’auto-promotion développée par B.M. sur son blogue à propos de ce recueil d’articles fort documentés (pour beaucoup déjà publiés dans le passé et remaniés ici pour l’occasion).

Voir les notes du 15 mars 2011, 19 mars 2011, 20, 22, 26 et 30 mars 2011 ; 9 avril 2011 ; 1er mai, 3 mai, 22 mai 2011 ; 5 et 26 juin 2011 ; 14 juillet, 21 juillet 2011

A charge pour son éditeur d’en apprécier les effets.

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21.06.2011

L’appel du 18 juin à la Fabu

18 juin 2011 : pierre blanche dans les annales de la Fabu.

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des hurlements.jpgNon seulement parce que Francis Marshall dédicaçait son recueil de réclamations ou parce que café et chouquettes étaient au rendez-vous des retardataires du matin. La CrAB Rencontre à la fabu.jpg

 

 

 

 

Mais parce que cette journée d’étude et de fun organisée par le CrAB fut tout simplement une sacrée bonne chose à glisser dans l’armoire aux souvenirs.

 

Ils étaient venus, ils étaient tous là. Même ceux du sud de l’Italie, même ceux de Rives dans l’Isère.

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Pourtant le ciel menaçait la tour de Pierre Avezard. J’eus beau exécuter ma danse de conjuration de la pluie, le temps nous la joua jusqu’au bout schtroumpf grognon.

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Ce qui divisa l’assistance en deux groupes distincts.

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Le camp des enragés optimistes qui s’installent dehors pendant les pauses et celui des gens prudents qui s’abritent sagement dans l’atelier spacieux d’Alain Bourbonnais, le héros du jour.

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Heureusement, les projections, les visites, les causeries et les performances réconciliaient tout le monde dans un joyeux brouhaha de chaises remuées et les zims et les zoums de mon kodak numér-hic (votre petite âme errante n’ayant pas craché sur le gentil vin blanc de Bourgogne).

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On se refit tout le toutim de la collection avec des ho! et des ha! aux retrouvailles et aux découvertes. Devant les machines de Monchâtre, Roberta Trapani faillit pousser la canzonette.

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Catherine Ursin, dans ses jolies pompes bleues, était captivée par les masques de Nedjar.

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Fanny Rojat, dans une attitude favorite, jouait les mystérieuses au stand Ratier.

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Je mitraillais pour ma part dans le groupe d’Agnès B (comme Bourbonnais) car les photos exceptionnellement étaient permises.

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Pas mécontente de revoir le mobilier de Podesta

Giovanni Battista Podestà

l’épouvantail du tunnel

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la vache de Landreau

marcel landreau

Question conférences, j’avoue que je me suis dissipée un peu. C’était rigolo d’essayer de capter Déborah Couette qui planchait à contre-jour sur L’Atelier Jacob. Heureusement, elle agite sa chevelure au fur et à mesure qu’elle progresse dans son sujet!

Déborah Couette

On s’entassa ensuite dans la beaucoup plus sombre salle de projection pour «Il avait un côté campagne», le laïus de Baptiste Brun sur Alain Bourbonnais et le petit monde de l’art des année soixante.

baptiste brun

Seules la faim et l’arrivée inopinée de la racaille des Turbulents (qui s’échappèrent bientôt en direction du lac) eurent raison du conférencier qui charmait la galerie.

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Avant de poursuivre le programme scientifique avec la séance médianimique du Sâr J.-L. Lanoux qui évoqua les mânes de Simone Le Carré-Galimard

Simone le Carré-Galimard

on se rua sur le pique-nic. Pauline Goutain mit au service de la collectivité des talents insoupçonnés de découpeuse de terrine .

pauline goutain

emilie champenois,jano pessetPour finir Jano Pesset pointa sa belle barbe de Père Noël que l’on aperçoit ici derrière le franc sourire d’Emilie Champenois.

La présence réelle de Michel Ragon fut attestée par le biais d’un entretien filmé chez lui par les soins de Débo et d’Agnès.

caroline bourbonnais

 

 

Maintenant, si Caroline B veut me donner la recette du délicieux flan qu’elle tient à la main, qu’elle ne se gêne surtout pas!

08.06.2011

Carlo et les convulsionnaires

St MédardC’est la saint-Médard. Retour des convulsionnaires. L’occasion idéale de sortir la dernière phrase de Nadja. Bon, elle a déjà beaucoup servi, d’accord. Mais elle fait toujours son petit effet. Surtout si on n’oublie pas de hurler au milieu quand on l’écrit : «La beauté sera C.............E ou ne sera pas».

Les convulsionnaires se réuniront deux fois ce mois-ci. Non sur la tombe du diacre Pâris mais dans cette Jérusalem céleste de l’art brut qu’est la Galerie Berst.

Carlo Zinelli

Jeudi 9 juin de 18 h à 21 h,  à l’occasion du vernissage Carlo Zinelli

Carlo Zinelli et le mardi 14 juin 2011 à 19h où l’on se convulsera d’aise en écoutant la conférence donnée par Daniela Rosi. «Si tu n’es pas crétin, regarde!» nous interpelle quelque part le flyer.

Carlo Zinelli

Tant pis pour ceux qui n’aiment pas se faire tutoyer.

23:14 Publié dans art brut, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, carlo zinelli, galerie christian berst, daniela rosi, nadja, st médard | |  Imprimer | | Pin it! |

03.06.2011

Morceaux exquis rue Récamier

Il s’en passe de belles dans le sixième! Chose vue carrefour Croix-Rouge, autrement dit place Michou-Lapin. Un petit canaillou n’a pas craint d’escalader le gros bourrin en bronze qui exhibe là ses phallocratiques avantages pour aller lui planter sur la tête un turlututu détourné de la circulation. Passant par là pour me rendre au déballage de livres place Saint-Sulpice, je n’ai pas pu empêcher mon chéri-que-j’ai d’immortaliser avec son kodak cette customisation sauvage.

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Il faut disait Victor Hugo «mettre un bonnet rouge au dictionnaire». Il n’est pas mauvais non plus de mettre un chapeau de sorcière aux commandes de l’état qui s’imaginent qu’il suffit de fourrer un balai mécanique dans le derrière d’un poncif de la mythologie antique la plus machiste pour en faire un chef d’œuvre de l’art urbain contemporain.

Un peu plus loin, chez Rachida, c’est une autre chanson. La mairesse a de la chance puisque son arrondissement abrite la charmante sous-station de la rue Récamier, une confortable impasse qui prend des allures de chaise-longue en ces temps caniculaires. Il ne se fait plus d’électricité au numéro 6. La sous-stat est devenue l’Espace Fondation EDF.

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S’y déroule en ce moment et jusqu’au 25 septembre 2011 une expo qui a l’avantage de faire sortir des caisses marseillaises où ils étaient enfermés quatre centaines d’objets provenant pour l’essentiel du défunt (snif, snif!) Musée des Arts et Traditions Populaires.

Si vous n’avez pas eu la chance de connaître cet établissement vénérable du temps où il crèchait dans le Bois de Boulogne, allez voir cette expo intitulée Morceaux exquis.

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Bien que le joyeux mélange, choisi pour animer, autour du double thème du corps et des proverbes, les vitrines consacrées aux divers morceaux (nez, bouche, œil, ventre, peau, poils etc.), aurait sûrement fait bondir son fondateur Georges-Henri Rivière, mort en 1985.

Parcours jeu Morceaux Exquis.jpg L’année même où naquit le Centaure de César dont je vous causais plus haut! Si vous êtes comme les blés (fauchés), allez-y aussi. C’est gratuit. Et le catalogue coûte que 10 €.

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coco fesses.jpgC’est pas si fréquent pour une expo de qualité où vos moutards aimeront caresser les fesses d’une noix de coco et vous poser des questions embarrassantes sur la Fanny qui montre son postérieur sur une plaque émaillée ou sur Gina et ses trois lolos.

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Coll. MuCEM, Paris/Marseill © Christophe Fouin

Je vous en fais pas des tonnes parce qu’il y a un dossier de presse. Impresssionnable comme je suis, j’ai été surtout conquise par une poupée d’envoûtement venue de Talence en Gironde en 1960. J’en fouette encore. Elle vaut à elle seule le déplacement.

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 Coll. MuCEM, Paris/Marseill © Christophe Fouin

Mais j’ai revu avec plaisir des objets sculptés par Xavier Parguet (ou Parguey?), dit Le Zouzou, sculpteur sur bois de Vuillafans dans le Doubs, jadis célébré dans le Fascicule 5 des Publications de l’Art brut.

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Coll. MuCEM, Paris/Marseill © Christophe Fouin

 J’ai regoûté aussi aux beautés candides des pierres sculptées par Fernand Duplan qu’on admirait autrefois au Petit Musée du Bizarre à Lavilledieu en Ardèche. Ce Fernand Duplan dont on sait peu de choses, si ce n’est ses dates (1899-1976) et son pays : Ruoms.

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 Coll. MuCEM, Paris/Marseill © Christophe Fouin

Après ça j’étais mûre pour une petite balade dans le square Roger Stéphane qui sent le jasmin et qui sait délicieusement se faire oublier à deux pas de la ronflante rue de Sèvres.

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23:55 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : art brut, art populaire, atp, xavier parguet, fernand duplan, petit musée du bizarre | |  Imprimer | | Pin it! |

22.05.2011

La folie ouvre le bal à Fontainebleau

Croyez pas que Fontainebleau soit seulement synonyme d’adieux. C’est une ville, une forêt, un château tout plein de mystères auxquels l’éditeur Tchou a consacré un de ces guides noirs en 1967.

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couv guide.jpgJe possède la version luxe réservée au Cercle du Livre Précieux. J’y fourre de temps en temps mon nez pour y revoir les roches curieuses et fantastiques, la Pièta manièriste du Rosso rosso-fiorentino-pieta.jpgou les Atlas body-buildés de la Grotte du Jardin des Pins.

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Un mystère supplémentaire c’est le nombre de colloques prévus pendant 3 jours à Fontainebleau à l’occasion de la prochaine Première édition du Festival de l’Histoire de l’Art. Dans le style pur jus de cervelles ça promet!

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Moi, généralement les Grosses têtes réfléchissantes, ça me fatigue un brin. Mais là, c’est la Folie qui «ouvre le bal»! On nous promet de «l’imagination débridée», des explorations de «toutes les facettes du rapport entre création et folie».

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Alors pourquoi pas? Le seul problème, c’est qu’on sait pas où donner de l’oreille, tellement il est riche le programme de ce vendredi 27, samedi 28 et dimanche 29 du mois de mai 2011. Que les stakhanovistes de la chose sachent que ça commence dès 9 h 30 et que ça se termine à des heures où les carpes sont depuis longtemps couchées.

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Enfin, c’est égal, si vous trouvez pas là-dedans des occasions de satisfaire votre addiction à l’art brut, je me convertis à la broderie ultra-patateuse. J’ai noté par exemple : La folie, une recette pour le génie ?, vendredi à 10 h, Zdenek Kosek, Convocations des orages

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vendredi 27 à 15h 30, Exposer l’art des fous, galerie et collection, samedi à 10 h, La folie du point de vue de l’art brut, samedi à 14 h, Littérature et art des fous  -Henri Michaux et les peintures d’aliéné- dimanche à 15 h. Commes les bla-bla sont entrelardés d’expos, de concerts, de lectures et de films, seuls ceux qui ont le don d’ubiquité pourront se faire la totale. Au chapitre cinéma, on pourra revoir les films de Claude et Clovis Prévost (Monsieur G, Le Facteur Cheval, La légende du silex)

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Les Statues meurent aussi d’Alain Resnais et Chris Marker

Découvrir le San Clemente de Raymond Depardon. Et Jaime (Jaime Fernandes) d’Antonio Reis et Margarida Cordeiro.